L’association La Tour Morillon a le plaisir d’accueillir pour l’automne 2021, Théo Poulet, artiste-plasticien, originaire de Saint-Amand et vivant actuellement à Thiers dans le Puy-de-Dôme. Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Bourges, Théo présente pour la première fois au public cette exposition intitulée Clairières & Molitions.

Ce titre énigmatique, associe celui de l’installation spécialement conçue pour l’espace de la galerie, La clairière, et le nom de la série de photomontages, terme disparu du vocabulaire actuel, molitions, que l’on retrouve aujourd’hui tel un fossile dans le mot démolitions. Rabelais en son temps, l’utilisait pour parler des machines de guerre et donc de machines de destruction. Pour l’artiste, molitions signifie ce qui se construit en détruisant et inversement ce qui se détruit en construisant.

L’exposition de Théo Poulet est composée de photomontages numériques qui ont commencé dans la ville, en extérieur. Ils sont le fruit d’un arpentage minutieux, sur plusieurs années, de terrains vagues et de chantiers de l’agglomération de Clermont-Ferrand. « Du temps passé dans ces lieux qui offrent une vue dégagée dans l’espace urbain, et qui n’ont aucune fonction, des non-lieux, des espaces en attente, habités seulement par des rebuts et des plantes envahissantes, opportunistes »tel qu’il l’évoque, émergent des images complexes où se superposent des instants que l’on pourrait croire immuables d’un même territoire en transition.

Théo, qui a étudié l’histoire et l’archéologie à l’université de Clermont-Ferrand, questionne la réalité du temps et de l’espace. Par la photographie, il fige la mémoire du lieu qui trouble la perception de l’instant. Ainsi se complexifie la construction mentale de l’espace qui nous entoure. Il superpose un passé, celui d’une architecture ancienne en déconstruction, un présent jonché de gravats et un futur, celui de la silhouette d’un immeuble contemporain en devenir, qui tous nous échappent. En un même temps se télescopent plusieurs espaces, à moins qu’en un même espace se confrontent plusieurs temps…

L’écriture graphique et plastique de Théo Poulet n’est pas non plus sans rappeler les utopies urbaines des Britanniques du groupe Archigram ou les projets du collectif d’architectes italiens de Superstudio, représentatifs de l’avant-garde de la fin des années 1960 et du début des années 1970.

Ici, le territoire, le paysage urbain, le lieu, l’architecture se font nomades et furtifs.