L’association La Tour Morillon a le plaisir d’accueillir en ce début d’année 2023 et pour la douzième exposition de la Galerie, Maartje Middel.

Née aux Pays-Bas, Maartje Middel est immergée dès son plus jeune âge dans un monde onirique, celui de ses parents marionnettistes qui influenceront fortement sa personnalité artistique.

Formée à l’école des Beaux-Arts d’Utrecht, puis à l’école Massana, d’art et de design de Barcelone, elle poursuit sa formation outre-Atlantique à l’universidad Nacional Cordoba en Argentine. Durant ses études, elle apprend notamment la technique de l’émail sur acier. Cependant, la première partie de sa carrière artistique est faite de mannequins, réminiscence de l’univers dramaturgique de l’atelier de marionnettes de ses parents. Elle confectionne de grandes silhouettes en papier maché, grises et inquiétantes, dont l’expression nous fait immanquablement penser qu’elles viennent d’avoir la même vision / révélation que celle du personnage des célèbres œuvres d’Edvard Munch, « le cri ». De cette époque où ces installations marquent les spectateurs par leur radicalité expressionniste et choquent certains, Maartje avoue ne pas avoir conservé le caractère provocateur qui lui apparait vain aujourd’hui.

Installée depuis maintenant plusieurs années à Saint-Bonnet-Tronçais, à l’orée de la forêt, Maartje voit sa pratique artistique prendre un nouveau tournant en 2018 lorsqu’elle découvre le tir à la carabine. Cette pratique ludique, et surtout pas violente ou guerrière (elle est une pacifiste convaincue), l’amène à essayer un jour de tirer sur une plaque d’acier émaillée qu’elle considère avoir ratée, simplement pour voir ce que cela ferait. De l’onde de choc provoquée par l’impact de la balle, naissent ainsi des cercles plus ou moins réguliers, des formes douces, presque organiques.

Séduite par le résultat, elle poursuit l’expérience en préparant de nouvelles plaques d’acier recouvertes par plusieurs couches d’émail. Outre le bouleversement de la surface, ce sont des couleurs qui réapparaissent mais aussi des éclats d’émail qui volent et que Maartje récupère méticuleusement. Ils serviront de caractères à une nouvelle forme d’écriture. Progressivement nait tout un univers de formes, de couleurs, de calligraphies et de textes. Ainsi certains diptyques associent une plaque émaillée impactée et la plaque ayant recueilli les éclats réorganisés par l’artiste pour former un message à l’attention du spectateur.

A la galerie de la Tour Morillon nous avons donc souhaité regrouper et vous présenter les œuvres de Maartje Middel, nées de ces impacts de balles, mais aussi des coups de marteau ou de griffures de l’artiste sous le titre d’« Impact créateur ».

Certains pourront y voir une influence de Niki de Saint Phalle, dans sa série « Tirs » qui regroupe un ensemble de tableaux-performances où elle utilise la carabine pour tirer sur des poches remplies de peinture qui viendra couler et se projeter sur des objets ou supports (toiles) entièrement blancs. Mais contrairement à Niki de Saint Phalle, Maartje affirme ne pas transmettre de revendication féministe à travers son œuvre.

Le choc de la balle sur la plaque émaillée est l’impact créateur, tel un petit « big bang », il fait apparaître un nouvel univers, un nouveau monde, celui de Maartje Middel.